Manny by Tetrarc
for Coupechoux


collection architecture
224 pages
22 x 28cm

40 €

ISBN 978-2-84809-153-2
Immeuble tertiaire édifié sur l’Île de Nantes, Manny est d’ores et déjà une icône architecturale.
Il témoigne de la force créative d’individus réunis par le désir d’imaginer, de concevoir et de réaliser. Leurs parcours, leurs convictions, leurs connivences, leurs démarches se mêlent aux dessins et aux nombreuses photographies pour restituer la naissance et la vie d’un édifice parmi les plus singuliers.
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Manny en main



Manny, l’immeuble, fut à coup sûr une aventure, que l’on aime ou pas, là n’est pas la question – même si personne n’y est honnêtement indifférent. Il se situe quelque part entre « le nid et le fagot de brindilles », la surprenante image arrêtée du grand vent qui se faufile par l’étroite rue La-Noue-Bras-de-Fer et l’effet ébouriffé tecktonik-années 2000. Une aventure, le livre qui lui est dédié en fut visiblement une aussi.
On dit d’un livre qu’il est « édité », en clair façonné, travaillé et soigné… Celui-ci est remarquablement édité, avec ses cahiers-texte qui viennent élégamment scander les traditionnelles photos, souvent pleine page, sur papier glacé – un papier qui sent bon, enfin c’est là aussi une affaire de goût. Le tout n’est pas vraiment donné, 40 €, mais amplement justifié au regard d’une production courante de livres d’architecture rarement aussi originale dans sa fabrication – éditeurs étrangers mis à part. Difficile pour autant de parler de mise en abyme : l’immeuble est plutôt poilu, tandis que le livre est perforé, comme une bonne vieille tôle sortie des chantiers Dubigeon ! Mais sur les deux versants, livre et bâtiment, c’est du véritable cousu main sur-mesure. Une synecdoque des activités des occupants qui s’abritent dans ce « nid de créateurs d’espaces » sous les aiguilles souples et perforées au « jeu toujours recommencé sur les grilles millimétrées du palais de justice » voisin.
Même si c’est l’imaginaire de Michel Bertreux, « l’auteur » du bâtiment, qui est magnifié dans ce livre, ses compagnons de route n’ont pas été oubliés. C’est à signaler, le fait est rare. On retrouve donc le chef de projet, Patrick Moreuil, et les architectes associés, l’ingénieur, le designer Freddy Bernard, bien entendu le commanditaire, et jusqu’au « mentor » Michel Dudon. Le promoteur, aussi, Axel Colin. Et puis Jean Blaise pour avoir eu l’idée d’Estuaire et avoir tissé à cette occasion des liens privilégiés avec Patrice Coupechoux, finalement l’autre figure centrale de toute cette histoire, fondateur du Groupe du même nom qui figure parmi les partenaires officiels de la Biennale aux côtés des grands groupes, Total ou EDF, et des collectivités territoriales. C’est lui qui, notamment, finança les dix-huit anneaux métalliques et lumineux de Daniel Buren et Patrick Bouchain.
Du chantier, on suit toutes les étapes. Cette histoire commence, nous raconte l’éditeur passionné Bernard Martin dans sa postface, au Lieu Unique. Tiens… Une fin de repas. Arrosée ? On ne le saura pas. Des « circonstances heureuses » en tout cas : une forme de « colloque singulier » se noue à ce moment-là entre l’architecte et son commanditaire. Une diallèle. Sans préavis et « sur un coin de table », le premier sort de sa poche « une feuille de papier sur laquelle il avait crayonné un projet de bâtiment ». De là, « un dialogue s’instaura entre eux dont je [Bernard Martin] retenais surtout que l’affaire était déjà bien engagée ». Une longue histoire, l’agence Tetrarc ayant à plusieurs reprises collaboré sur les aménagements de pharmacies qui firent la renommée du Groupe. Pourvu que ça dure, et que très longtemps le mammouth poilu « zèbre d’éclats lumineux la sombre rue La-Noue-Bras-de-Fer ».
Au milieu de toute cette histoire, le critique d’architecture Dominique Amouroux, qui se charge de conter, engagé, l’histoire de Manny. Et puis frappantes, ces images des premières pages, images de l’ancienne île, vous vous souvenez, l’île Sainte-Anne, images qui ressortent des tréfonds de nos mémoires, ah oui, c’était comme ça avant. « Mieux que le regard, le savoir imaginer et le savoir construire associent Manny à la légèreté de l’immeuble de bureaux qu’édifient Lipsky-Rollet [Eureka, le « pôle média »], à la finesse de la peau de la Maison des avocats de Forma 6 [l’Île Rouge] et du pignon de la pépinière des entreprises des biotechnologies qui l’un après l’autre contribuent à restituer un peu de l’ancienne densité bâtie de la rue La-Noue-Bras-de-Fer, lorsqu’elle était flanquée de constructions industrielles impénétrables. »

Jean-Louis Violeau

Collectif, Manny by Tetrarc (for Coupechoux), Editions Joca Seria/Collection Architecture, 224 p. 40 €.


Place Publique Nantes/Saint-Nazaire #27 mai 2011